Une chose est sûre, en rentrant du grand ouest américain, tu trouves ta vieille Europe un peu miniature… Mais je me rappelle aussi les Bardenas l’an dernier et ce sentiment de liberté, de quiétude et d’immensité. Alors pour préparer mon trip cette année, j’ai visé grand. Il reste un désert qui a laissé penser au grand public que les westerns étaient un truc américain. Pourtant, Tabernas en Andalousie a vu débarquer Sergio Leone bien des fois pour ses tournages mythiques. C’est donc ma destination pour cette année avec le passage par les Trail Adventure Days pour une remise en jambes et une clôture en mode ‘chill’ à Biarritz pour le Wheels & Waves, 12ème édition. Pas d’hésitation donc pour préparer le fourgon, en y mettant mon inséparable BMW ‘Dezert Runner’ et la petite dernière qui fera ses premiers tours de roue sur place, faute de temps, pour préparer mes propres projets. Camion chargé, plein fait, en route.
Une fois rattrapé Nantes, il me faut suivre la Loire jusqu’à sa source. Et là, l’Auvergne m’accueille sous les orages. Déjà l’an dernier, même période, il valait mieux prévoir des tenues imperméables… Mais l’équipe du magazine qui organise l’événement fait les choses en grand. Ils nous concoctent une belle vitrine du monde moto trail ou l’on mélange l’offroad et les voyages. En plus de proposer toutes les nouveautés du segment en essai, c’est aussi un beau panachage de parcours, à faire seul ou en groupe, pour chaque niveau de participant et avec encadrement si besoin. Bref, reçus comme des princes, il n’y a plus qu’à salir les pneus. Et là, la météo a tout prévu pour ramollir le terrain… Mais il paraît qu’il faut pendre tout le package pour mieux en profiter. Alors action. Je suis là pour en découdre, tester mes modifications d’équipements et me dépasser. Les matinées ensoleillées permettent d’apprécier le paysage tout en plongeant dans de grandes flaques boueuses et quelques pièges. Et j’ai survécu ! Ok, j’ai bien dû ‘poser’ la moto deux fois… par mégarde dirons-nous. Un tour du village exposant, des goodies et un bon dîner auront fini de remplir ce samedi malgré le gros orage qui s’abat. Le doux ruissellement de la rivière voisine de mon fourgon est devenu un bouillonnement féroce ce dimanche. Le ‘floc-floc’ de mes pas sur la pelouse détrempée du camping ne m’incite pas vraiment à retourner défier les éléments dans ces forêts immenses. Les grandes flaques de la veille doivent ressembler à des piscines olympiques à l’heure qu’il est. Et puis j’ai hâte de rejoindre mon désert.
Le soleil se lève ce Lundi et j’en termine avec la route vers Tabernas, le souffle coupé en voyant ce paysage unique à perte de vue. J’y suis enfin dans ce petit bout de désert américain au sud de l’Espagne. Les invitations à visiter les différents parcs Western marqués de larges bannières étoilées complètent le décor. Après m’être installé à Little Texas, petit camping à l’accueil à nul autre pareil, je recherche déjà les traces que je vais parcourir pour découvrir cette région, entre montagnes et Méditerranée, orangeraies et oliviers, canyons et sommets arides.
De la traversée de la Sierra Alhamilla jusqu’à la mer à la remontée des canyons jusqu’à Gergal dans les contreforts de la Sierra Nevada, il n’est pas un virage qui ne me fait la surprise d’un décor grandiose. Plus les jours passent et ce désert m’apparaît encore plus grand, plus haut, plus beau. J’alterne aussi l’usage des motos en fonction du parcours, préférant l’agilité de la 125 pour le fond humide des canyons et les sommets escarpés à l’autonomie sans pareil de mon Funduro pour les expéditions plus lointaines. Les jours passent et ne se ressemblent pas. J’en suis bientôt à ranger mes affaires et avec moi l’impression de n’avoir (presque) rien vu tellement les paysages se perdent dans l’horizon. Je pars à contrecœur mais la mémoire chargée de souvenirs et déjà, au fond de moi, l’envie de revenir un jour. La porte du fourgon se referme. Le ron-ron du 5 cylindres vient troubler le calme de l’endroit. Je vais rouler vers le nord.
Il me reste tout de même une étape de choix sur mon parcours avec cette halte de 5 jours à Biarritz pour le Wheels & Waves ou je vais retrouver l’équipe de Daytona 73. C’est devenu un pèlerinage annuel, un lieu de découvertes et de retrouvailles. Mes motos salies par la poussière du désert andalou viennent souligner l’ambiance aventure mécanique du stand, au milieu de ces blousons motards ou aviateurs sur lesquels ressortent des noms qui rappellent des voyages et la mode des belles années. Comme à chaque édition, l’endroit regorge de légendes vivantes, de divers univers et disponibles comme jamais. C’est l’occasion de s’émerveiller de voir ‘grinder’ Steve Caballero, le skateur héros de mon adolescence, de prendre l’autographe pour mon fils de Pol Tarrés, cette montagne catalane qui a redéfini un usage de la moto depuis 3 ans, ou d’échanger avec l’inénarrable Dimiti Coste, cette icône moderne élégante qui court sur deux roues entre les théâtres de son art photographique.
Le pays basque se visite aussi bien sûr, dévoilant une large vue sur l’océan depuis les premiers sommets des Pyrénées au rythme paisible des lacets de l’arrière pays. Après avoir traversé les landes Vendredi pour rallier Magescq et son Vintage Rally, je descends de nouveau vers la frontière. C’est l’occasion pour moi d’ajouter quelques photos et vidéos pour la prochaine étape ou je vous raconterai ce périple. Le soleil se couche ce dimanche et les motos se reposent déjà dans le fourgon, bercées par le ronflement de la route qui me ramène en Bretagne. C’est la fin d’une belle aventure mais qui en appelle d’autres à venir. Je vous raconterai.